mardi 30 septembre 2008

BILAN DE L’ECHANGE JEUNES FRANCO-BELGES

MAISON DE QUARTIER G.PHILIPE


RAPPEL DES OBJECTIFS

Favoriser la rencontre et l’échange avec d’autres jeunes
Permettre aux jeunes de découvrir indirectement puis directement d’autres pays
Insérer les jeunes dans une logique de projet
Placer les jeunes dans une démarche d’hôte
Favoriser la mixité
Impliquer les familles


LE GROUPE DE BELGES :

Nous avons accueilli un groupe de 6 jeunes belges « flamands » de 14 à 16 ans encadrés par 2 éducateurs. Tous les jeunes sont accueillis, en Belgique, à l’ « Institut », structure d’accueil d’enfants, placés hors de leur famille.
En effet, ces jeunes ont connu des histoires familiales difficiles et traumatisantes. Devant l’impossibilité de leur famille à les élever (mères confrontées à la drogue, la prostitution, enfants abandonnés…), ils sont placés dans ces structures publiques. Ces jeunes connaissent des troubles du comportement (hyperactivité notamment) qui leur impose des traitements médicamenteux quotidiens que gèrent leurs éducateurs. Ces derniers ont eu une attention permanente aux signes annonciateurs d’une possible crise. La fatigue cumulée par les jeunes durant ce séjour a été une préoccupation contante pour eux.

La particularité de l’Institut, est qu’il accueille ces jeunes uniquement pendant les week-ends et les vacances scolaires. Ils logent pendant les temps de scolarité dans d’autres internats qui dispensent les cours.
Cette structure héberge plus d’un millier d’enfants et d’adolescents venus d’internats de toute la région de Bruges.
Nous avons pu mesurer la différence entre les moyens dont bénéficient cet Institut et notre structure. Toutes les animations et projets organisés, nécessitent une recherche de financeurs externes. Ce lourd travail préparatoire est souvent fait bénévolement par les éducateurs. Joris et Donald, nos 2 homologues belges ont accompagné ce groupe pendant leurs congés. Globalement, ils ont développé des partenariats, des mécénats avec des acteurs locaux pour mener leurs projets d’animation. Le rotary club de Bruges est notamment un interlocuteur privilégié. C’est grâce à leur soutien qu’a été financé le transport du groupe par la location d’un minibus.

REALISATIONS

Six jeunes belges encadrés par deux éducateurs sont donc venus du 5 au 10 juillet sur le quartier du Pileu. Ils ont partagé quasiment intégralement cette petite semaine avec notre groupe de jeunes. Les seuls moments où le groupe d’hôte s’est retrouvé seul, sont les nuits et quelques petits déjeuners. Globalement, la plupart des actions prévues ont été réalisées. Constatant la fatigue des jeunes Belges causée par un programme d’activités très dense et face à des conditions climatiques pas toujours clémentes, nous avons été amenés à modifier quelques unes de nos prévisions. Il est à noter, que contrairement à ce que nous avions envisagé, le groupe de jeunes Belges ainsi que les accompagnateurs étaient tous « flamands » et non « wallons ». Les multiples intermédiaires qui ont permis la mobilisation de nos invités ont retardé la prise de contact direct avec eux. Nous avons appris donc tardivement cette nouvelle donnée. En dehors des éducateurs, un seul des jeunes belges parlait français.

1-Vie quotidienne
Les nuits :
Les jeunes Belges ont été logés dans l’internat du collège St-Nicolas à Igny. Ils y dormaient, s’y lavaient et prenaient leurs petits déjeuners. Les horaires du petit déjeuner étant très matinaux, nous avons proposé à nos invités d’organiser plus tardivement un petit déjeuner sur la maison de quartier avec nos jeunes. Les repas du soir y ont tous été pris sauf un. La structure a donc été largement investie par ce projet, donnant ainsi une visibilité maximum aux autres usagers (jeunes/ famille/ partenaires etc.…).

Les repas :
Trois des cinq repas du soir ont été réalisés par les familles des jeunes. Un barbecue géant leur a été proposé lors de la soirée « jeunes » ouvert à tous les jeunes de la ville le premier soir, en partenariat avec l’Accueil Jeunes.
Pour le dernier, en sortie sur Paris, ils ont mangé à l’extérieur.
Les repas du midi ont alterné entre pique-niques préparés par nos soins, sandwichs achetés en sortie et restaurant de Clairefontaine (le jour du tournoi).

Les transports :
Les Belges ayant leur propre véhicule, hormis pour les sorties sur Paris, nous avons voyagé en minibus.
Les déplacements sur Paris se sont effectués en RER.
Le transport pour Clairefontaine pour participer au 2ème jour du tournoi de foot s’est fait en car grand tourisme faute de minibus suffisant pour y amener toutes les équipes.

2-Tournoi de football
L’organisation d’un grand tournoi de foot dont la finalité se passait sur les terrains du Centre National du Football de Clairefontaine, était l’introduction et le prétexte à ce projet beaucoup plus large.
Douze équipes de 7 joueurs (+ 1 remplaçant) y ont participé en 2 phases. L’équipe de belges ne se composant que de 6 joueurs, un jeune français est venu les renforcer pendant la compétition.
La première phase, le samedi 5 juillet s’est déroulée sur les infrastructures sportives de la Ville Longjumeau, celles de Palaiseau n’étant pas disponibles. Nous avons profité de l’occasion pour nouer un partenariat avec le service Jeunesse de cette commune, notamment en rédigeant une charte du fair-play commune.
A l’issue du 1er jour, les 8 meilleures équipes se sont qualifiées pour les finales le lendemain à Clairefontaine.
Ce tournoi a connu un succès estimable. En effet, le caractère exceptionnel de l’évènement (accès à des terrains de qualité et sites prestigieux, nombreuses équipes extérieures à la commune, équipe étrangère…) a permis d’instaurer une émulation saine étayée par une charte du fair-play que les équipes d’animation ont tenu à faire respecter de manière scrupuleuse. Le tournoi rassemblait des équipes de niveaux techniques très disparates. En effet, étaient présentes sur la même compétition, à la fois des équipes d’  «élite » aux réelles qualités footballistiques et développant un jeu recherché, et des équipes plus faibles : équipes mixtes, équipes de copains et(ou) de non-footballeur. Les rencontres déséquilibrées ont été exemplaires par leur bon esprit (convivialité, simplicité) et la finale par son niveau technique et sa dramaturgie.
La gestion d’une centaine d’adolescents le premier jour à Longjumeau auxquels se sont rajoutés une cinquantaine de Longjumellois venus assister aux rencontres n’a pas apporté de difficultés.
Les animateurs présents se sont tous impliqués dans la gestion de ce moment, sur et en dehors du terrain.
Les équipes ayant toutes joué le jeu du fair-play, nous avons valorisé l’équipe mixte, issue de la maison de quartier Audiberti, en leur offrant le trophée dit du Fair-Play.
Pour clore le tournoi, toutes les équipes ont été invitées à se restaurer le dimanche à la cafétéria de Clairefontaine puis de visiter les installations de l’Equipe de France de football.

3-Les autres activités
Si les 2 premiers jours ont été entièrement consacrés au tournoi de football, nous avons proposé un programme, d’activités variées : base de loisirs, paint-ball, bowling, visite de Paris (les monuments et les coins « branchés »). Les jeunes belges ont été très satisfaits d’accéder à ce type de loisirs qu’ils n’ont pas l’occasion de faire au quotidien chez eux.

4-Soirées d’échange et de réflexion
Nous avons eu à mettre en place 4 soirées.
Grande soirée jeunesse : Le 5 juillet, une soirée barbecue était initialement prévue suivi d’un grand tournoi de console. L’accueil jeune de la ville ayant pour projet d’organiser également un temps fort sur cette soirée à l’occasion de l’ouverture de leur espace « Bar sans alcool ». Nous avons donc mutualisé nos efforts pour proposer une seule soirée à tous à l’Accueil jeunes. Y étaient proposé aux jeunes : barbecue, jeux de ludothèque, billard, babyfoot, démonstration de capoera, concerts de rap et R’N’B présentés par des jeunes Palaisiens. Cette soirée a permis à une cinquantaine de jeunes (dont une vingtaine du Pileu), filles et garçons, de se rencontrer et de passer un moment festif ensemble.

Soirée d’échange et de prise de connaissance :
Le dimanche 6 juillet a été organisée sur la maison de quartier, une soirée dont l’objectif était de développer les liens entre jeunes Belges et Français, qui jusque là s’étaient essentiellement investis dans le tournoi de football. A l’issue du repas, une animation a été créée autour du principe du pictionnary et des mimes, pour permettre aux jeunes de s’interpeler directement malgré les contraintes de langues. Cette soirée a rempli ses objectifs au-delà de nos espérances. Les jeunes se sont amusés ensemble autours des différences de langues (les français devaient dire quelques mots en flamand et vice-versa). Des complicités se sont créées entre les groupes, un climat d’échange convivial est né.

Une sortie au bowling a été organisée le lundi 7juillet. Les équipes étaient mixées entre belges et français.
Nous avons amené les jeunes au festival « Paris hip-hop 2008 » pour y assister à une grande battle de danse hip-hop, le mardi 8.

Nous avons organisé pour la dernière soirée, le mercredi 9, une soirée sur la maison de quartier où nous avons amené les jeunes a échanger leur point de vue sur des sujets de société et plus particulièrement la discrimination. Cette soirée s’adressait à tous les jeunes du quartier. Nous avons pu attirer presque 20 nouveaux jeunes, dont 5 filles.
Concernant les expériences discriminatoires, celles rencontrées par les jeunes n’étaient pas de même nature. Les jeunes français ont surtout été stigmatisés par l’origine de leurs parents et la couleur de leur peau, voire sur leur identité de jeunes de quartier. Les filles se sont plaintes du traitement fait à la condition féminine. Du côté Belge, les jeunes se sont plus exprimés sur l’étiquette de « cas sociaux » qu’il leur est allouée et des comportements extérieurs qui en résultent.
Nous avons également abordé les différences de prises en charges de leurs loisirs au travers des structures qu’ils fréquentent (maison de quartier et Institut). Les français ont pu relativiser leurs moyens, sans commune mesure avec ceux dont les belges bénéficient pour accéder à des loisirs. Les animateurs également.
Ont également été abordés les problèmes politiques Wallon/Flamand qui interpellent visiblement plus les français que les belges qui ont résumé ça à un combat politique interne, peu partagé par la population et circonscrit à Bruxelles et ses environs.

EVALUATION

1-Réalité des échanges
La barrière de la langue était une donnée que nous n’avons apprise que tardivement (15 jours avant leur arrivée). Les craintes que nous formulions concernant la limite des échanges, que cela aurait pu créer, ont vite été balayées. Certains de nos jeunes ayant rapidement compris leur rôle, les relations se sont vite nouées autours d’une partie de babyfoot, de console de foot. dès la soirée du dimanche 6, grâce au repas. Puis l’animation a permis d’accélérer ces relations. Les jeunes connaissaient les prénoms des uns et des autres et quelques mots de la langue « étrangère ». Des affinités entre jeunes sont nées. Un petit tournoi de console vidéo a été organisé sur un temps mort, à l’initiative des jeunes. Et eux-mêmes, ont choisi de faire des équipes mixtes franco-belges.
Même si naturellement, les jeunes se retrouvaient à certains moments entre « nationaux », nous n’avons pas constaté de logique de repli systématique, bien au contraire.
Si l’essentiel des échanges s’est effectué avec les moyens du bord, les traductions quand elles étaient nécessaires se faisaient par l’intermédiaire du jeune qui maîtrisait les 2 langues.
Le vocabulaire « étranger » le plus recherché et avec lequel les jeunes ont le plus joué, a été évidemment celui de l’argot, voire de l’insulte. Aucun dérapage n’a été à déplorer.
En effet, le climat particulièrement serein et amical a été l’une des grandes satisfactions de ce projet. Nous n’avons eu à déplorer aucune tension. Les éducateurs belges ont été très sensibles à cet aspect, leurs jeunes souffrant pour la plupart d’hyperactivité, et bénéficiant de traitements médicamenteux réguliers.

2-Implication des jeunes, notion d’accueil et logique de projet.
Les 7 jeunes français du quartier du Pileu que nous avons mobilisés ont répondu parfaitement (étonnement) à nos attentes. Tous ont largement respecté le contrat auquel ils s’étaient engagés.
Tous sont venus aux différents rendez-vous fixés, quelle que soit l’heure et malgré les sollicitations d’autres copains du quartier.
Tous se sont mis à la disposition des belges, leur apportant leur aide (information, explication etc..) quand elle s’avérait nécessaire. Ils ont fait un effort pour mettre à l’aise leurs invités. Ils n’ont pas hésité à proposer de jouer ensemble.
Au final, si la mobilisation des jeunes a été difficile ( de nombreux rendez-vous manqués, des engagements évasifs et tardifs), les jeunes ont parfaitement rempli leur rôle. Ils ont également apprécié de participer pleinement à ce projet et se sont sentis responsabilisés et valorisés. Nous avons fait attention à composer ce groupe de jeunes issus de « groupes de pairs » différents, issus de résidences différentes. Cette action a permis de briser ces cercles de socialisation et des jeunes du quartier, qui ne se fréquentaient pas, se sont rapprochés grâce à ces moments exceptionnels.
En terme de logique de projet, les jeunes ont donc pu participer à l’élaboration de cette action. Ils ont pu ainsi mesurer l’ampleur et la précision des préparatifs que demandent ce type de projet, et les distorsions entre prévisions et réalisations.

3-Implication des familles
L’implication des familles résidait au départ, sur la confection d’un repas pour la moitié du groupe franco-belge, permettant ainsi d’assurer la restauration sur la maison de quartier pour 3 des 5 soirs. Cette stratégie a été largement payante. En effet, nous avons rencontré des difficultés cette année, à mobiliser des mamans pour ce type d’implication lors des fêtes de plein air (repas sur des fêtes de quartier ou de résidences). Les mamans étaient toutes « invitées » de manière générale à amener un plat de leur confection. Le fait de leur faire une demande circonstanciée et personnelle à libéré cette participation. Toutes les mamans (et les papas) se sont fait un honneur de jouer le jeu que nous leur proposions. L’organisation a été beaucoup plus cadrée : demande quantifiée sur les matières premières à leur fournir, planning des repas où leur plat était attendu…
Cette implication a beaucoup impressionné et touché nos hôtes qui ont chargé les jeunes de remercier leurs parents. Les familles ont été, par ce biais, sensibilisées, informées du projet. Plusieurs ont été intéressé par les retours que nous leur avons faits sur la totalité de l’action. Nous avons pu nous rapprocher grâce à cela, de certaines familles un peu distantes.

4-Mixité
Pour répondre aux exigences de certains de nos financeurs, nous avons intégré cet objectif sur le projet. En effet, si la mixité est un problème auquel nous tentons de répondre tout au long de l’année à travers des actions exceptionnelles et quotidiennes, l’univers de football, prétexte à l’échange, reste un support d’animation assez exclusivement masculin. Par conséquent, nos 2 groupes de référence sur ce projet (belges et Pileusiens) ne se composaient que de garçons. Parallèlement, un groupe d’adolescentes assidues de la maison de quartier partait en mini séjour à cette période. Nous avons quand même pu trouver plusieurs occasions de favoriser la rencontre, le partage et l’échange entre genres.
Une équipe mixte, montée par la maison de quartier Audiberti a été invitée à participer au tournoi. Bien que dernières, elles ont reçu le trophée du fair-play pour leur courage et leur ténacité. Nous avons pu apprécier à cette occasion la retenue dont ont fait preuve les équipes de garçons, lors de leur confrontation sur le terrain.
La soirée organisée le samedi 5 juillet à l’Accueil Jeunes s’adressait et a accueilli filles et garçons. Des démonstrations de chant ont permis à 2 groupes de filles de valoriser leur talent de chanteuse.
Nous avons pu mobiliser 3 filles lors de l’échange organisé autours de sujets de société. Elles ont pu donner leur opinion sur les relations qu’elles entretiennent avec les garçons à l’école et dans les espaces publics.
De plus, la présence des groupes franco-belges sur la structure pendant l’ouverture quotidienne a permis aux jeunes filles du quartier qui fréquentent les activités de la maison de quartier, de les rencontrer et de participer à leur accueil.

Une telle rencontre suscite obligatoirement des modifications dans les représentations que se font les 2 groupes culturels en contact.
Ainsi nos hôtes ont été très étonnés du comportement exemplaire de nos jeunes, bien loin de l’image des jeunes de Banlieue, véhiculée par les reportages d’émeute qu’ils ont pu voir à la télévision.
De leur côté, nos jeunes français ont tout de suite été interpellés, par le fait que tous leurs homologues étaient blancs.

Globalement, nos hôtes Belges, jeunes et adultes, ont été impressionnés par la qualité de l’accueil que nous leur avons réservé. L’accès au site prestigieux de Clairefontaine a provoqué des regards et des commentaires émerveillés. Ils ont également apprécié la disponibilité permanente de notre équipe, et notamment de Kevin, le stagiaire BP JEPS chargé de préparer et d’assurer leur accueil.
L’implication des familles des jeunes pour leur préparer à manger a été également un égard qui les a touchés.
Les jeunes du Pileu participant à l’action ont également rapidement intégré la dynamique du projet. Ils ont trouvé dans cette action une expérience valorisante et amusante. Nos jeunes n’ont jamais montré ni défiance ou ni dédain, mais une certaine « fraternité ». L’aspect attrayant des animations, la possibilité de fréquenter la maison de quartier autrement ont accompagné cet investissement.

PERSPECTIVES :
La première des perspectives est de préparer le voyage retour en amenant les jeunes en Belgique. Les moyens à leur disposition n’étant pas les même que les nôtres, ils nous ont demandé de prévoir un retour en Belgique au mois de juillet.
Ayant peur que notre groupe de jeunes soit à reconstituer dans un an, nous avons convenu que, déjà, nous passerions quelques jours pendant les vacances de la Toussaint à nos frais, puis en deuxième phase,d’organiser un séjour plus long pour l’été 2009.